Honneur à Edwige Danticat

{ DU 21-07-2015 AU 24-07-2015 }

Port-au-Prince, Haïti

Dans le cadre de la célébration du vingtième anniversaire de sa création, la Fondation connaissance et liberté met à l’honneur l’écrivaine Edwige Danticat du mardi 21 au vendredi 24 juillet 2015. L’auteur rencontrera dans le cadre de discussions informelles des lecteurs de la BMC et de l’American Corner, du Centre Culturel Katherine Dunham - CCKD et du Centre Culturel Pyepoudre. Le jeudi 23 juillet, elle animera avec Edwin Paraison, de la Fondation Zile, une conférence conjointe sur la crise des déportations en République dominicaine. Le vendredi 24 juillet, une rencontre publique avec un groupe de jeunes lecteurs sera consacrée à son dernier roman, Claire of the Sea Light (Pour l’amour de Claire). Cette rencontre sera suivie d’une lecture scénique d’extraits de ses œuvres.


 Vendredi 24 juillet 2015 

Salle Fokal Unesco – entrée libre

4 h 30 pm – Pour l’amour de Claire

Rencontre d’Edwidge Danticat avec de jeunes lecteurs de la BMC autour de son roman Claire of the Sea Light (Pour l’amour de Claire)

Six jeunes lecteurs de la Bibliothèque Monique Calixte ont travaillé sur le roman d’Edwige Danticat sous la direction d’Elizabeth Pierre-Louis, directrice des programmes de FOKAL. Ils ont préparé une série de questions qu’ils lui poseront pendant cette rencontre.

Peut-on se résoudre à abandonner son enfant ? Que faire pour lui offrir une vie meilleure ? L’histoire se déroule à Villa Rose, un petit village côtier au sud de Port-au-Prince, où tout le monde se connaît. Alors qu’une embarcation de pêcheur vient juste d’être emportée par une gigantesque vague, une enfant disparaît : Claire Limyè lanmè, élevée par son père depuis la mort de la mère en couches, vient d’avoir sept ans et de comprendre que son père envisage de se séparer d’elle, qu’il aime plus que tout au monde pour la confier à une femme aisée… Autour de cette histoire s’enchâssent sept autres récits qui composent peu à peu un monde où les personnages sont reliés les uns aux autres…

Pour l’amour de Claire boucle et reboucle le temps et l’espace, jusqu’à former un espace-temps dense et autonome comme une île, lent, plein de l’odeur du sucre brûlé, saturé par les couleurs vives des cotonnades et des mousselines, pour raconter Haïti, sa grande misère, ses quelques riches et ses gangs toujours plus nombreux. Il explore également les joies et les tourments de la parentalité : Nozias, figure du père écartelé entre son amour pour sa fille et sa volonté de lui offrir une vie meilleure que la sienne ; Gaëlle, mère d’une petite fille morte accidentellement et pour laquelle « chaque jour est infiniment difficile », mais qui refuse de se laisser mourir, ayant « trop envie de voir ce qui [va] arriver, ce que son mari et sa fille ne connaîtr[ont] jamais » ; Max Junior, jeune homme séparé de son fils Pamaxime et qui espère que la mère saura mener cet enfant « indemne à l’âge adulte dans une société où la règle constante est de démolir son prochain » ; sans oublier tous ces adolescents livrés à de plus âgés qu’eux, à « des hommes d’affaires ambitieux ou des politiciens locaux qui les utilisaient pour grossir la foule lors de manifestations politiques, leur donnaient des armes quand il fallait provoquer une crise et les retiraient de la circulation lorsque le calme devenait nécessaire ». Mais quand, au bout du récit, la silhouette de Claire dansant la wonn (ronde) se découpe sur l’aube haïtienne, cette incarnation gracieuse de l’avenir semble justifier et balayer toutes les souffrances des parents.

Catherine Dufour ; Le Monde diplomatique - Littératures du monde


 6 h pm - La récolte douce des larmes

Lecture scénique d’extraits d’œuvres de Edwige Danticat

Avec Sachernka Anacassis, Gaëlle Bien-Aimé, Michèle Lemoine

Sous le titre « La récolte douce des larmes », cette lecture propose des extraits de plusieurs œuvres de Edwidge Danticat. Elle évoque les thèmes qui parcourent ses écrits.

Edwige Danticat

Edwidge Danticat naît à Port-au-Prince, en Haïti, le 19 janvier 1969. Quand elle a deux ans, son père émigre à New York ; deux ans après, sa femme le rejoint. Danticat et un frère restent en Haïti chez un oncle et sa femme. À 12 ans, elle rejoint ses parents à Brooklyn et s’installe dans une nouvelle langue et un nouveau pays. Aux Etats-Unis, elle découvre New-York et la communauté haïtienne de la diaspora. Une fois ses études secondaires terminées, Elle obtient un premier diplôme universitaire (B.A.) à Barnard College en lettres françaises avant d’obtenir une maîtrise en Beaux-Arts (MFA) à Brown University. Avant même d’être terminée, sa thèse en « creative writing » est acceptée pour publication. Le texte qui en résulte – Breath, Eyes Memory, traduit en français sous le titre Le cri de l’oiseau rouge – a autant de succès auprès des critiques que du public. L’écrivaine a 25 ans. La force et la texture du style de ce premier récit, où se croisent les réalités haïtiennes et newyorkaises, ont été comparées à celles des auteurs tel Maxine Hong Kingston et Toni Morrison.

Plusieurs romans suivront cette première publication dont La récolte douce des larmes qui obtient le prix Carbet de la Caraïbes en 1999. Parallèlement à ses activités littéraires, Edwige Danticat a travaillé avec des réalisateurs tels que Jonathan Demme, notamment sur Beloved, l’adaptation cinématographique du roman de Toni Morisson) et sur Jean Dominique, the Agronomist. Danticat publie ensuite un recueil de courts récits, Krik? Krak! Dans son deuxième roman, The Farming of Bones (publié en 1998 et traduit l’année suivante comme La Récolte douce des larmes), elle crée une fiction passionnante autour du massacre de 20.000 Haïtiens en 1937 en République Dominicaine. Danticat a également dirigé deux recueils de courts récits écrits par d’autres auteurs, dont The Butterfly’s Way, 33 récits d’haïtiano-américains. Dans toute son oeuvre, son regard sur l’histoire et sur l’actualité n’autorise ni le sensationnalisme, ni la pitié, examinant en particulier la réalité du peuple haïtien.

Elle poursuit sa carrière d’écrivaine en se consacrant également à l’enseignement ("creative writing") à New York University et à l’Université de Miami et à de nombreux projets sur l’art et la culture haïtienne, comme l’indiquent ses collaborations avec les cinéastes Patricia Benoit et Jonathan Demme, et son engagement auprès de la National Coalition for Haitian Rights.

Edwidge Danticat est boursière de la fondation McArthur en 2009 pour l’ensemble de son œuvre. Elle a été membre du jury du 57ème festival de Cannes.

 Œuvres principales

 Romans :

Breath, Eyes, Memory, New York: Soho Press, 1994; New York: Vintage Books, 1995 ; traduit en français par Nicole Tisserand : Le cri de l'oiseau rouge, Paris, Pygmalion, 1995.

The Farming of Bones. New York: Soho Press, 1998; Penguin, 1999 ; traduit en français par Jacques Chabert : La récolte douce des larmes. Paris, Grasset, 1999.

Claire of the Sea Light. New York: Knopf, 2013 ; traduit en français  par Simone Arous : Pour l'amour de Claire. Paris, Grasset, 2014.

Récits :

After the Dance, A walk through Carnival in Jacmel, Haiti. New York: Crown, 2002 ; traduit en français par Jacques Chabert : Après la danse, au cœur du carnaval de Jacmel, Haïti. Paris, Grasset, 2004.

Brother, I'm Dying.  New York: Knopf, 2007 ; traduit en français par Jacques Chabert : Adieu mon frère. Paris, Grasset, 2008.

Nouvelles :

Krik ? Krak !. New York: Soho Press, 1995 ; New York: Vintage Books, 1996 ; traduit en français par Nicole Tisserand : Krik ? Krak !. Paris, Pygmalion, 1996.

The Dew Breaker, New York: Knopf, 2004 ; 2004, traduit en français par Jacques Chabert : Le briseur de rosée. Paris, Grasset, 2005.

 

Anthologies :

The Beacon Best of 2000 Great Writing by Women and Men of All Colors and Cultures. Edited by Edwidge Danticat. Boston: Beacon Press, 2000.

The Butterfly's Way : Voices from the Haitian Dyaspora in the United States. Edited with an introduction by Edwidge Danticat. New York: Soho Press, 2001.

Haiti Noir. Edited by Edwidge Danticat. Brooklyn: Akashic Books, 2011.

Littérature pour la jeunesse :

Behind the Mountains : the Diary of Celiane Espérance. New York: Orchard Books, 2002.

Anacaona, Golden Flower. New York: Scholastic, 2005.

Célimène, Conte de fée pour fille d'immigrante (traduction en français par Stanley Péan, illustré par Mance Lanctôt).Montréal: Mémoire d'encrier, 2009.

Eight days : a story of Haiti. London: Orchard, 2010.

Essais :

Create Dangerously : The Immigrant Artist at Work. Princeton: Princeton University Press, 2010 ; traduit en français par Florianne Vidal : Créer dangereusement, l'artiste immigrant à l'œuvre. Paris, Grasset, 2012.

Traductions :

In the Flicker of an Eyelid. (L'espace d'un cillement.) de Jacques-Stephen Alexis. Traduction avec Carrol F. Coates. Charlottesville: University of Virginia Press, 2002.

Prix et Distinctions

1994    Fiction Award, The Caribbean Writer.

1995    National Book Award finalist, pour Krik? Krak!

1995    Pushcart Short Story Prize.

1996    Best Young American Novelists Award pour Le Cri de l’oiseau rouge (Breath, Eyes, Memory) par Granta.

1999    American Book Award, pour La récolte douce des larmes (The Farming of Bones).

1999    Prix Carbet de la Caraïbe, pour La récolte douce des larmes (The Farming of Bones).

2002    Prix Gouverneur de la Rosée du Livre et de la Littérature, représentante de la diaspora. Ministère de la Culture, Haïti, pour l'ensemble de son œuvre.

2005    Story Prize (first annual prize for a collection of short fiction), pour Le Briseur de rosée (The Dew Breaker).

2008    National Book Critics Circle Award (NBCC 2007) in autobiography, pour Adieu mon frère (Brother, I'm Dying).

2009    Best of Brooklyn Award, au Brooklyn Book Festival.

2009    MacArthur Foundation ("Genius") Grant.

2011    Langston Hughes Medal, pour ses contributions distinguées aux arts et lettres.

2013    Grand Prix de l'Association des Écrivains de la Caraïbe, pour Créer dangereusement (Create Dangerously).

Enregistrements :

The Farming of Bones. Lu par Rebecca Nicholas. Books on Tape, Inc., 1999.

 

 

informations pratiques