Extrait

Le ciel a été lavé à grande eau ; des nuages subsistent encore, mais

noyés dans l’azur comme du linge lessivé dans de l’indigo.

Les ravins ont épuisé leur fureur d’eau vaseuse et ouvrent aux flancs des mornes des rires blancs et nets. Les paysans ne voient point cette peinture neuve sur la face de la terre : la récolte gît sur le sol, mêlé à la boue, perdue.

Effeuillés, les arbres, et brisés : ils étendent au matin ensoleillé leurs squelettes écartelés par le vent. Les paysans ont tressé pendant leur réclusion des paniers, des sacs de paille et des chapeaux ; en rognant sur le manger, ils arriveront bien jusqu’à la saison nouvelle. Le malheur devient vite une habitude résignée.

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