Extrait

« Pont sans attaches », page 11,

« C’est un fleuve immense. Son courant est agité, son profil très large. Un pont étroit, érigé très haut, semble flotter sans piliers dans le vide tout en reliant ses deux rives. Anya s’étonne du contraste que forment la largeur du fleuve et l’étroitesse du pont. Elle observe l’un et puis l’autre et se demande : « Comment traverser le fleuve ? Par où accéder au pont ? » Ne pas savoir y répondre la plonge dans un sentiment angoissant d’avoir perdu ses repères. Anya recule, comme prise de vertige. Elle se voit soudain au milieu du pont, ne distinguant plus la rive d’où elle vient ni celle où elle est censée se rendre. Tout en bas sous l’édifice, le fleuve, résolu, poursuit son cours, tantôt paisible, tantôt impétueux. Anya ressent une cruelle impression d’être abandonnée. Elle vacille, ferme un instant les yeux. »