" J'aurais dû détester ce pays, mais c'est mon pays natal, j’aurais dû haïr ces bourreaux, mais ils étaient mes voisins, j’aurais dû haïr leurs enfants mais c’est avec eux que je jouais à cache-cache, ce sont eux qui m’apprenaient à sauter à la corde …"

"Votre courage et votre force pour tuer plus d’un million de Tutsi en seulement cent jours, c’est ce même courage que j’ai pour dire au monde le diable que j’ai croisé dans mon pays. C’est ce même courage qui me donne l’envie de vivre après avoir embrassé la mort. Je dois vivre pour moi et pour les morts."

Avril 1994. 50 membres de la famille d'Élise Rida Musomandera, 10 ans, disparaissent lors du génocide qui ravage le Rwanda et elle-même échappe à la mort par miracle. De cette fureur meurtrière, Élise Rida Musomandera livre aujourd'hui un témoignage sans concession : « Je n'ai pas survécu pour vivre, mais plutôt pour témoigner, pour dire leur vie à eux, vous dire ce qu’ils avaient comme rêves, et pour dire leur mort atroce », écrit-elle. Ce récit bouleversant d’une enfance fracassée par la haine dans le pays des mille collines, écrit en collaboration avec Anne Delyon, résonne comme un cri de colère. Mais l’auteur va au-delà de cette mort qu’elle nomme sa « meilleure amie » car celle-ci a choisi de l’épargner. Elle raconte ainsi les vingt années qui se sont écoulées depuis ce 6 avril 1994, date du début des massacres. Préfacé par Laure Coret et Alexandre Dauge-Roth, Le Livre d’Élise est celui de la lente reconstruction d’une femme, d’un pays, d’un peuple dans le souvenir obsédant de l’un des pires drames du XXe siècle.