L'histoire de la reine Pokou est la légende fondatrice de la Côte d'ivoire. C'est celle d'une femme qui, poursuivie, sacrifie son fils pour sauver son peuple. Ce conte est connu par tous les écoliers ivoiriens dès leur plus tendre enfance. Véronique Tadjo n'y a pas échappé, et cette histoire l'a marquée.

C'est à la lumière de la crise politico-militaire ivoirienne que Véronique Tadjo a réécrit ce conte. D'abord en le reprenant (dans la première partie du livre) puis en proposant des variantes. La romancière s'amuse à s'imaginer ce qui se serait passé si la reine Pokou avait refusé de donner son fils unique, si elle avait fui, ou si elle s'était sacrifiée à sa place.

Outre l'aspect divertissant de ce genre d'exercice, Véronique Tadjo propose aussi une véritable réflexion sur fond d'actualité : la vie d'un enfant est-elle inférieure à celle d'un groupe ? Quelle conséquence peut avoir cette histoire sur les élèves qui l'apprennent et la répètent, sans en avoir forcément compris le sens ?
L'auteure le dit "plusieurs décennies plus tard, la violence et la guerre déferlèrent dans notre vie, rendant brusquement le futur incertain. Pokou m'apparut alors sous un jour beaucoup plus funeste, celui d'une femme assoiffée de pouvoir..."

"Reine Pokou" a été récompensé en 2005 par le Grand Prix littéraire d'Afrique noire.