Wilfried N’Sondé, l’humanité profonde

{ 19-09-2014 }

Une série d’ « AUTOPORTRAITS EN MIROIR » où les écrivains vous proposent de partager leurs complicités littéraires, leurs amitiés, ou tout simplement une envie de faire découvrir un livre, une oeuvre, une personnalité littéraire.

Déjà parus:

« Ananda Devi ou le charme cruel », par Sami Tchak

« James Noël, l’Intranquille », par Ananda Devi

« Yahia Belaskri, un amour de mec », par James Noël

Wilfried N’Sondé, l’humanité profonde

par Yahia Belaskri

« Il n’y a pas de monde blanc, il n’y a pas d’éthique blanche, pas davantage d’intelligence blanche. Il y a de part et d’autre du monde des hommes qui se cherchent… Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve. » Ces propos sont de Frantz Fanon dans Peaux noires, masques blancs. L’écrivain Wilfried N’Sondé pourrait les reprendre à son compte lui qui affirme : « Cela ne m’intéresse pas beaucoup que ce soit des blancs qui ont mis des noirs en esclavage. Je ne crois à ces catégories-là. Pour moi, il n’y a pas des » blancs » et des « noirs ». Il y a des êtres humains qui ont considéré d’autres êtres humains comme des marchandises. Il ne s’agit pas de trouver des responsables. C’est plutôt de se dire que c’est une vraie plaie de l’humanité de ne pas considérer d’autres êtres humains comme des êtres à part entière et de justifier ainsi la mise en esclavage. C’est quelque chose qui nous concerne tous. » Ce qui concerne Wilfried c’est l’être humain dans sa souffrance, sa fragilité, ses doutes.  C’est qu’il explore roman après roman.

C’est à Saint-Malo que je l’ai rencontré pour la première fois. Son sourire le précédait, la main tendue, franche, les mots chaleureux. Se sont succédées les rencontres, littéraires, amicales, familiales. La découverte fut totale. J’ai fait connaissance avec l’écrivain en lisant ses textes Le cœur des enfants léopards, Le silence des esprits, Fleur de béton, textes maitrisés, ciselés, mettant au jour la détresse des hommes et leurs aspirations. Puis, quelque part dans une ville de province, j’ai rencontré le musicien et chanteur, suant à grosses gouttes, déployant une énergie incroyable. Enfin, j’ai pu voir l’homme. D’une grande sensibilité, il s’émeut chaque fois qu’un homme est blessé, s’indigne chaque fois qu’un homme est humilié, s’exprime même lorsque tout le monde se tait. Rien ne le révolte plus que la souffrance des autres. Armé d’une seule « croyance (…) que la vie des êtres humains peut être meilleure. » Et ainsi donc, « il faut parler, écrire, chanter, se rencontrer. » C’est son leitmotiv, avoir «  foi en l’humanité, d’amour de l’humanité. »

Que dire de l’ami ? Une générosité confondante, une prévenance de tous les instants, un souci constant des autres. Un ami que je vois peu car il habite Berlin et moi Paris. Chacune de nos peu nombreuses rencontres est riche, dense, pleine. Nos conversations englobent la littérature bien sûr, mais aussi et surtout nos familles, nos vies.

En un mot, l’écrivain et musicien est un ami, un vrai. Peut-être plus que cela un frère car, en Congolais « Yaya », mon prénom, signifie grand-frère. Je suis son grand frère. Il est mon jeune frère. C’est un grand bonheur.